En 2012, la Galerie Marcel Duchamp à Yvetot m'a invité en résidence pour un travail à partir de l'oeuvre d'Annie Ernaux, elle-même originaire de cette ville.
J'ai proposé de ne pas illustrer par mes photographies son travail, mais de considérer ce que porte, entre autres, sa voix littéraire : une voix venue des milieux modestes, sans considération dans la société. Une voix qui regarde une autre culture que la grande culture, celle dont il est question dans Les années.
Je me suis intéressé à photographier Yvetot dans cette optique, ce qui dans la ville ne relève pas de la culture bourgeoise, mais plutôt d'une culture populaire et "vernaculaire", la manière aussi dont les traces d'une vie passée et d'une vie présente de cette culture s'entremêlent. Beaucoup de choses à Yvetot m'ont rappelé ma propre vie d'enfance dans mon village de campagne, c'était partout troublant. Tout cela m'a demandé un effort inverse à celui d'Annie Ernaux, celui dont elle parle dans Les armoires vides, car moi je viens d'un milieu privilégié de la bourgeoisie notable de province, milieu dont j'essaie toujours de me déprendre. Ce travail photographique a été pour moi celui d'une introspection assez puissante.
Et il y a aussi la magie d'une certaine photographie : la recherche du motif, la trouvaille, l'excitation du jeu visuel, qui sont des choses dont j'ai aussi toujours essayé aussi de me déprendre. Et qui m'ont rattrapé à Yvetot. J'espère avec humour.
L'ensemble du travail est consultable en ligne, à :
Voir la vie
Voir la bonne occase, maintenant fermée à Yvetot :
La Bonne Occas